Alors qu’il est à nouveau le moment de faire le point sur une période de soldes en demi teinte, au fur et à mesure des années, il semble de plus en plus question de s’interroger sur la pertinence de la période des soldes que celles-ci soient sur internet ou en boutique physique.
Les soldes : un concept pas si nouveau que cela, et pourtant …
Les soldes apparaissent avec la naissance de la grande distribution, au XIXe siècle. L’histoire nous rapporte que ce serait Simon Mannoury qui inventa ce concept, lui même fondateur en 1830 du premier grand magasin parisien, le “Petit Saint-Thomas” (rue du Bac à Paris), qui deviendra le “Bon Marché” en 1852, suivi par l’ouverture du ” Printemps” en 1865.
Présenté souvent comme le petit génie de la vente, Simon Mannoury est un précurseur car dès 1830 il met en place des ventes à distance (déjà à l’époque ? On nous aurait menti sur l’origine de l’e-commerce ? ), puis un système de prix fixes et clairement affichés que l’on appellera des “SOLDES” . Le grand magasin inspirera Émile Zola pour son roman “Au Bonheur des dames”.
Il organise les premières soldes afin d’écouler les stocks des invendus de la saison passée à coup de prix cassés. (Le Veepee de l’époque)
Les premières lois qui encadrent ces rabais remontent au début du siècle dernier, à 1906.
De nature, les soldes favorisent un écoulement accéléré de marchandises en stock dont des exemplaires ont été proposés à la vente depuis au moins un mois et comportent une réduction de prix, qui peut aller jusqu’à une revente à perte, dans la limite du stock à écouler. Les soldes ne peuvent être réalisés qu’au cours de deux périodes par année civile. Cette définition de la Réglementation des soldes résulte de la loi du 30 décembre 1906 relative aux ventes de marchandises neuves.
Ainsi ce rituel se renouvelle chaque année depuis bientôt deux siècles avec des succès d’années en années de plus en plus édulcorés.
Depuis, nous avons pu découvrir une foule d’individus prenant d’assaut les grilles des magasins dès son ouverture, courant dans les rayons, s’asseyant sur les pièces d’électro-ménager attisés par la crainte de se faire devancer une fois arrivés devant l’article rêvé.
Souvent présentés comme le symbole ultime de la société de consommation, les soldes deviennent alors un rituel des plus attendus.
L’arrivée d’internet, des comparateurs de prix et la chasse aux bonnes affaires.
Les soldes sur Internet sont alors les héritiers de la vente par correspondance traditionnelle que nous avons pu connaître au lendemain des années 1960 avec l’apogée de sociétés telles que La Redoute, Les 3 Suisses ou bien d’autres avec leurs célèbres catalogues papiers agrémentés d’additifs pour les offres exceptionnelles et de déstockage.
Ainsi, faire du shopping depuis son canapé est une pratique qui a débuté dans les années 1970 en France avec ce phénomène de vente par correspondance et ces fameux catalogues.
Le monde change, évolue. Aujourd’hui, les achats sur Internet ont le vent en poupe et bien que la période COVID ai accélérée une transformation de nos habitudes, dès 2019, pour 44% des personnes interrogées, les e-shop ou boutiques en ligne étaient devenues le “lieu idéal” pour faire les soldes.
Alignées sur les dates fixées par arrêté, les dates des soldes sur Internet sont les dates nationales pratiquées en magasin.
Black Friday, Cyber Monday, Single Day, Prime Day : les actions promotionnelles se multiplient.
Alors que les soldes nécessitent souvent une préparation longue et réfléchie, depuis plusieurs années, l’impact de celles-ci devient en effet plus qu’aléatoire voir avec un certain déclin.
L’arrivée d’offres promotionnelles de plus en plus aux moments stratégiques de nos achats comme le Black Friday et le Cyber Monday, qui à l’origine donnaient le coup d’envoi des achats de Noel sur le web et depuis largement repris en magasin, la montée en puissance des journées spéciales des géants du net tels Amazon avec son Amazon Prime Day, nous rendent plus réticents à des promotions dites exceptionnelles de fin de saison qui malheureusement décalées de plus en plus en milieu de saison ne rendent plus les taux de promotion attendus avec bien souvent un démarrage à -20%.
Ainsi les commerçants tiraillés entre un besoin de trésorerie et une saison pas encore terminée voir pas encore débutée pour certains produits ont une tendance à ne pas intensifier cette période de soldes privilégiant ventes privées et opérations ciblées à un groupe de clients au moment opportun.
Serions nous à la fin d’un concept ?
Sans aucun doute ! Bien que la crise économique ait ralenti notre pouvoir d’achat et notre envie de consommer, nous sommes pourtant toujours à l’affut de bonnes affaires et de remises.
Les soldes devraient donc être une opportunité ! Et pourtant, le système, l’organisation et la rigidité des dates fixes transforment ces opérations de déstockage en période de promotions qui malheureusement n’ont rien d’exceptionnelles.
L’avenir passera par des opérations plus ciblées, une meilleure connaissance du client, des besoins du consommateur et l’appui sur un traitement de la data. On parle désormais de data marketing, véritable pilier du développement économique du commerce que celui-ci soit en ligne ou en magasin.
Le commerce a changé, il est désormais Phygital, il faut que nous nous adaptions à ces nouveaux modes de consommation.
Notre pire ennemi sera à jamais : “On a toujours fait comme cela”